4-LE SUPPORT ROCHEUX

L’emploi de la pierre pour un usage commémoratif, monumental est une tradition de l’humanité:

« Là Josué écrivit sur les pierres, une copie de la loi que Moïse avait écrite pour les israelites… »(Jos 8.32)

Cette citation de la Bible, rappelée par E.Anati dans son ouvrage « La montagne de Dieu » -Payot-1986- montre bien la conscience innée de l’importance de toute trace portée par un rocher.

A tort ou à raison, un support minéral est supposé quasi éternel et l’information qu’il porte est sans doute irrécusable, mais avant tout, essentielle pour son auteur.

Des figures de NAZCA aux alignements de CARNAC,  le mineral est par lui-même signifiant.

-il y a le minéral organisé et ses formes fantastiques.-Fig 60-                  La « main du géant » ?-Fig 61-

L’érosion naturelle ou bien un polissoir?-Fig 62-

Jeu de la Nature ?

 

-il y a aussi la beauté intrinsèque de la roche.-Fig-63-64-65-

 

 

 

 

 

 

 

 

Pour les civilisations asiatiques, la vénération du minéral va plus loin: on parle de Pierres de Rêve, Pierres Philosophiques, Pierres de Lettrés.-Fig 66-

 

 

 

Fig- 67-

 

 

 

                                                           Fig 68

 

 

Fig 69

 

 

Fig 70

              Fig 71

Ces curiosités sont un support de rêveries, de méditations et suscitent la convoitise et même la collection effrénée.

C’est probablement Roger CAILLOIS ( L’Ecriture des Pierres »-SKIRA-1970-) qui  analyse le plus finement ce rapport émotionnel au minéral:

«  »les pierres possèdent on ne sait quoi de grave, de fixe et d’ extrème, d’impérissable, ou de déjà péri. Elles séduisent par une beauté propre, infaillible, immédiate, qui ne doit de compte à personne…. C’est que les pierres présentent quelque chose d’évidemment accompli, sans toutefois qu’il y entre ni invention ni talent ni industrie, rien qui en ferait une oeuvre au sens humain du mot, et encore moins une oeuvre d’art »-Fig 72-

Tout comme tant d’autres observateurs attentifs: botanistes, microscopistes, astronomes cet auteur fait le constat de notre désarroi qui accompagne la prise de conscience de l’universelle abondance de formes; de structures et de fonctions qui nous apparaissent parfaites,inhumaines ou plutôt inconcevables.

Les roches de l’Ubaye, leur épiderme érodé présentent une richesse, une variété qui ne semblent guère avoir passionné le visiteur et même la plupart des collectionneurs; même si nous sommes en marge de la minéralogie traditionnelle: convenue et assez stérile.

A côté du « Musée imaginaire » des gravures de l’Ubaye, existe un « Musée  de plein air » des roches qui est très remarquable et qui mériterait d’être  considéré et qui attend ses créateurs et responsables.

Il semble bien toutefois, que nos graveurs n’aient guère été sensibles à ce caractère,et cela semble logique, car la conscience de cet intérêt est relativement récente.

En général, le graveur se soucie peu de la qualité du support, de sa pérennité;par contre la localisation  est souvent raisonnée, sinon raisonnable, avec malgré tout de nombreuses exceptions…l’analyse de ces exceptions est un domaine prometteur.notre approche du patrimoine gravé doit s’accompagner d’un tri entre nos références actuelles et celles de ces graveurs.-Fig 73-

Le berger Revertegat a commémoré l’an 1943: « celui de la guerre de Sicile » sans trop de soucier de la qualité du support.-Fig 74-

Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer , cet art « monumental » s’accomode aussi de gravures sur des galets, des lauzes comme en témoigne cette oeuvre contemporaine d’une jeune bergère devant son modèle.Cette pratique,en apparence contradictoire ouvre le champ à de nouvelles recherches.Et,dès lors que des gravures « mobilières » existent, de nombreuses hypothèses commémoratives doivent être considérées avec prudence.-Fig 75-

Enfin et nous y reviendrons, la méconnaissance  des qualités du support constitue un facteur de risque déterminant quant à la pérennité de ces traces.-Fig 76-

The use of stone engravings is a tradition for mankind. « Hereby Josuah wrote on stones a copy of Moses’s-law written for Israelites »(Jos-8.32).This mention of the Bible by E.Anati in « La montagne de Dieu »-Payot-1986- clearly highlights the consciousness of the importance of engravings on rocks.

The rocky medium is supposed to be eternal and the carried information is unimpeachable, moreover essential, for the carver.

From NAZCA lines and figures to CARNAC  lines, stones are themselves significant.

But we have also to consider :

-Organized stones and their fantastic figures.

-Intrinsic beauty of the stone. For Asian civilizations,stone veneration goes further: we have to consider: « Dream-stones », »Philosophic stones », »Erudite stones ».These curios raise  dreams, meditations,covetousness and passionate collection. Roger CAILLOIS (L’Ecriture des Pierres-SKIRA-1970-) cleverly analyzed this emotional behaviour,facing minerals:

« stones own something grave, firm and extreme,imperishable or already dead. They appeal by their own infallible,immediate, intrinsic beauty.Stones exhibit something  which is obviously completely achieved, out of contribution of invention,talent or industry; nothing related to human « work » and even  « work of art ».

As many other careful analysts: botanists, microscopists,astronomers, this author establishes our confusion  when we become aware of the universal abundance of shapes,structures and functions which appear to be perfect, inhuman or at least inconceivable.

Ubaye’s rocks, their epidermic erosion, show a rich diversity which seems to have been undersestimated by visitors and even most of collectors,even if we are far from traditional mineralogy .

Beside the « Musée Imaginaire » of Ubaye’s engravings, already exists a remarkable « Open-air Museum of Rocks », waiting  for its manager and visitors.

It seems that our carvers were poorly sensitive to rock aesthetic and timelessness qualities; this is coherent with the fact that this approach is quite recent. Moreover, carvers do not take care about rock quality; but location of the carving is more careful, but this is not a general rule.

This underlines again the necessary care  about the way to approach carvings analysis: our refrences are almost completely different from those of the carvers.

It is surprizing to observe that « monumental » carving art cohabits with carving on pebbles, »lauzes »; as shows this contemporary work showed by a young shepherdess, before its model landscape. A new area for research… and additional care is required about usual, « so evident »  commemoration practices hypothesis.

Last but not the least, ignorance of rock quality is a serious risk for conservation of these traces.